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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 4.djvu/302

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HISTOIRE DE FRANCE

Caux était désert ; il se peuplait de loups ; le roi y créa un louvetier.

Ce grand succès de la prise de Rouen exalta l’orgueil d’Henri V et obscurcit un moment cet excellent esprit ; telle est la faiblesse de notre nature. Il se crut si sûr de réussir, qu’il fit tout ce qu’il fallait pour échouer.

Chose étrange, et pourtant certaine, ce conquérant de la France n’avait encore qu’une province, et déjà la France ne lui suffisait plus. Il commençait à se mêler des affaires d’Allemagne. Il y voulait marier son frère Bedford[1] ; la désorganisation de l’Empire l’encourageait sans doute ; un frère du roi d’Angleterre, c’était bien assez pour faire un empereur ; témoin le frère d’Henri III, Richard de Cornouailles. Déjà Henri V marchandait l’hommage des archevêques et autres princes du Rhin.

Autre folie, et plus folle. Il voulait faire adopter son jeune frère, Glocester, à la reine de Naples, et provisoirement se faire donner le port de Brindes et le duché de Calabre[2]. Brindes était un lieu d’embarquement pour Jérusalem ; l’Italie était pour Henri le chemin de la terre sainte ; déjà ses envoyés prenaient des informations en Syrie. En attendant, ce projet lui faisait un ennemi mortel du roi d’Aragon, Alfonse-le-Magnanime, prétendant à l’adoption de Naples ; il mettait d’accord contre lui les Aragonais[3] et les Castillans,

  1. App. 201.
  2. App. 202.
  3. Les Anglais s’étaient fort maladroitement mêlés des affaires intérieures de l’Aragon, dès 1413. (Ferreras.)