fidèles ; cette foule représentait si bien le monde, qu’elle en contenait toutes les misères morales, tous les scandales. Les Pères du concile qui devait réformer la chrétienté ne pouvaient pas même réformer le peuple de toute sorte qui venait à leur suite ; il leur fallut siéger comme au milieu d’une foire, parmi les cabarets et les mauvais lieux.
Les politiques doutaient fort de l’utilité du concile[1]. Mais le grand homme de l’Église, Jean Gerson, s’obstinait à y croire ; il conservait, par delà tous les autres, l’espoir et la foi. Malade du mal de l’Église[2], il ne pouvait s’y résigner. Son maître, Pierre d’Ailly, s’était reposé dans le cardinalat. Son ami, Clémengis, qui avait tant écrit contre la Babylone papale, alla la voir et s’y trouva si bien qu’il devint le secrétaire, l’ami des papes.
Gerson voulait sérieusement la réforme, il la voulait avec passion, et quoi qu’il en coûtât. Pour cela, il fallait trois choses : 1o rétablir l’unité du pontificat, couper les trois têtes de la papauté ; 2o fixer et consacrer le dogme ; Wicleff, déterré et brûlé à Londres[3], semblait reparaître à Prague dans la personne de Jean Huss ; 3o il fallait raffermir enfin le droit royal, condamner la doctrine meurtrière du franciscain Jean Petit.
Ce qui rendait la position de Gerson difficile, ce qui