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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/110

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HISTOIRE DE FRANCE

pouvait, faire agir ensemble évêques et inquisiteurs. Or, il avait justement à sa suite et parmi ses gens un évêque très propre à la chose, un évêque Mendiant qui vivait à sa table, et qui assurément jugerait ou jurerait tant qu’on en aurait besoin.

Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, n’était pas un homme sans mérite. Né à Reims [1], tout près du pays de Gerson, c’était un docteur fort influent de l’Université, un ami de Clémengis, qui nous assure qu’il était « bon et bienfaisant[2]». Cette bonté ne l’empêcha pas d’être un des plus violents dans le violent parti cabochien. Comme tel, il fut chassé de Paris en 1413. Il y rentra avec le duc de Bourgogne, devint évêque de Beauvais, et sous la domination anglaise il fut élu par l’Université conservateur de ses privilèges. Mais l’invasion de la France du Nord par Charles VII, en 1429, devint funeste à Cauchon ; il voulut retenir Beauvais dans le parti anglais, et fut chassé par les habitants. Il ne s’amusa pas à Paris, près du triste Bedford, qui ne pouvait payer le zèle ; il alla où étaient la richesse et la puissance, en Angleterre, près du cardinal Winchester. Il se fit Anglais, il parla anglais. Winchester sentit tout le parti qu’il pouvait tirer d’un tel homme ; il se l’attacha en faisant pour lui autant et plus qu’il n’avait pu jamais espérer. L’archévêque de Rouen venait d’être transféré ailleurs ; il le recom-

  1. Le bourguignon Chastellain l’appelle : « Très noble et solompnel clerc. » — Nous avons parlé au tome précédent de son extrême dureté pour les gens d’Église du parti contraire. App. 45.
  2. Voy. aussi la lettre que Clémengis lui adresse, avec ce titre : « Contractus amicitiae mutuae. »