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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/127

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PROCÈS ET MORT DE LA PUCELLE

tenez sûre d’être sauvée et de ne point aller en enfer ? — Oui, je crois aussi fermement ce qu’elles m’ont dit que si j’étais sauvée déjà. — Cette réponse est de bien grand poids. — Oui, c’est pour moi un grand trésor. — Ainsi, vous croyez que vous ne pouvez plus faire de péché mortel ? — Je n’en sais rien ; je m’en rapporte de tout à Notre-Seigneur. »

Les juges avaient enfin touché le vrai terrain de l’accusation, ils avaient enfin trouvé là une forte prise. De faire passer pour sorcière, pour suppôt du Diable cette chaste et sainte fille, il n’y avait pas apparence, il fallait y renoncer ; mais dans cette sainteté même, comme dans celle de tous les mystiques, il y avait un côté attaquable : la voix secrète égalée ou préférée aux enseignements de l’Église, aux prescriptions de l’autorité, l’inspiration, mais libre, la révélation, mais personnelle, la soumission à Dieu ; quel Dieu ? le Dieu intérieur.

On finit ces premiers interrogatoires par lui demander si elle voulait s’en remettre de tous ses dits et faits à la détermination de l’Église. À quoi elle répondit : « J’aime l’Église et je la voudrais soutenir de tout mon pouvoir. Quant aux bonnes œuvres que j’ai faites, je dois m’en rapporter au Roi du ciel, qui m’a envoyée[1]. »

La question étant répétée, elle ne donna pas d’autre réponse, ajoutant : « C’est tout un, de Notre-Seigneur et de l’Église. »

On lui dit alors qu’il fallait distinguer ; qu’il y avait

  1. Interrogatoire du 17 mars.