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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/126

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HISTOIRE DE FRANCE

homme à rançon et ensuite de le faire mourir ? — Je ne l’ai point fait. — Franquet d’Arras n’a-t-il pas été mis à mort ? — J’y ai consenti, n’ayant pu l’échanger pour un de mes hommes ; il a confessé être un brigand et un traître. Son procès a duré quinze jours au bailliage de Senlis. — N’avez-vous pas donné de l’argent à celui qui a pris Franquet ? — Je ne suis pas trésorier de France, pour donner argent[1]. »

« Croyez-vous que votre roi a bien fait de tuer ou faire tuer monseigneur de Bourgogne ? — Ce fut grand dommage pour le royaume de France. Mais quelque chose qu’il y eût entre eux, Dieu m’a envoyée au secours du roi de France[2]. »

« Jehanne, savez-vous par révélation si vous échapperez ? — Cela ne touche point votre procès. Voulez-vous que je parle contre moi ? — Les voix ne vous en ont rien dit ? — Ce n’est point de votre procès ; je m’en rapporte à Notre-Seigneur qui en fera son plaisir... » Et après un silence : « Par ma foi, je ne sais ni l’heure ni le jour. Le plaisir de Dieu soit fait!

— Vos voix ne vous en ont donc rien dit en général ?

— Eh ! bien, oui, elles m’ont dit que je serais délivrée, que je sois gaie et hardie[3]... »

Un autre jour elle ajouta : « Les saintes me disent que je serai délivrée à grande victoire ; et elles me disent encore : Prends tout en gré ; ne te soucie de ton martyre ; tu en viendras enfin au royaume de Paradis[4]. — Et depuis qu’elles ont dit cela, vous vous

  1. Interrogatoire du 14 mars.
  2. Ibid., 17 mars.
  3. Ibid., 3 et 14 mars.
  4. Ibid., 14 mars.