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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/135

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PROCÈS ET MORT DE LA PUCELLE

l’accusée à la grande salle du château par-devant ses juges. On lui lut les articles qu’on avait tirés de ses réponses, et préalablement l’évêque lui remontra « que ces docteurs étoient tous gens d’Église, clercs et lettrés en droit divin et humain, et tous bénins et pitoyables, vouloient procéder doucement, sans demander vengeance ni punition corporelle[1], mais que seulement ils vouloient l’éclairer et la mettre en la voie de vérité et de salut ; que, comme elle n’étoit pas assez instruite en si haute matière, l’évêque et l’inquisiteur lui offroient qu’elle élût un ou plusieurs des assistants pour la conseiller. » L’accusée, en présence de cette assemblée, dans laquelle elle ne trouvait pas un visage ami, répondit avec douceur : « En ce que vous m’admonestez de mon bien et de notre foi, je vous remercie ; quant au conseil que vous m’offrez, je n’ai point intention de me départir du conseil de Notre-Seigneur. »

Le premier article touchait le point capital, la soumission. Elle répondit comme auparavant : « Je crois bien que notre Saint-Père, les évêques et autres gens d’Église sont pour garder la foi chrétienne et punir ceux qui y défaillent. Quant à mes faits, je ne me soumettrai qu’à l’Église du ciel, à Dieu et à la Vierge, aux saints et saintes du paradis. Je n’ai point failli en la foi chrétienne, et je n’y voudrais faillir. »

Et plus loin : « J’aime mieux mourir que révoquer ce que j’ai fait par le commandement de Notre-Seigneur. »

  1. Procès, 3 avril. App. 53.