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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/183

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DISCORDES DE L’ANGLETERRE. — ÉTAT DE LA FRANCE

venus ou avaient envoyé ; de même l’Université de Paris et nombre de bonnes villes. Tout ce monde étant rassemblé, l’Angleterre elle-même arriva dans la personne du cardinal de Winchester.

La première question était de savoir s’il était possible d’accorder Charles VII et Henri VI. Mais quel moyen ? chacun d’eux prétendait garder la couronne. Charles VII offrait l’Aquitaine, la Normandie même, que les Anglais avaient encore. Ceux-ci demandaient que chacun restât en possession de ce qu’il avait, en s’arrondissant par des échanges[1]. Leur étrange infatuation est admirablement marquée dans les instructions que le conseil de Londres donnait au cardinal, quatre ans après l’assemblée d’Arras (1439), lorsque les affaires anglaises avaient encore bien empiré. D’abord, il devait engager Charles-de-Valois à cesser de troubler le roi Henri dans la jouissance de son royaume de France, et pour le bien de la paix lui offrir en Languedoc vingt mille livres de rente[2] à tenir en fief. Puis, le cardinal, comme homme d’Église, devait faire un long discours sur les avantages de la paix. Et alors, les autres ambassadeurs du roi devaient se laisser gagner jusqu’à proposer mariage avec une fille de Charles, et reconnaître deux royaumes de France.

Il n’y avait rien à faire avec les Anglais ; on les laissa partir d’Arras. Tout le monde se tourna vers le duc de Bourgogne. On le suppliait d’avoir pitié du royaume,

  1. App. 77.
  2. « To the valeu, in demayne and revenue…, of XX mil. l. yerly. » (Rymer, 21 mai 1439.)