fraient des courses de la garnison de Calais ; ils étaient maltraités lorsqu’ils allaient à ce grand marché des laines. Les Anglais, chose plus grave, se mettaient à filer aussi la laine, à faire du drap ; ces draps, ces laines filées envahissaient la Flandre même, par le bon marché, et forçaient toutes les barrières. On les défendit en 1428, et il fallut les défendre encore en 1446, en 1464, en 1494[1]. Enfin en 1499 il n’y eut plus moyen de les défendre ; la Flandre, alors sous un prince étranger, se soumit à les recevoir.
L’Angleterre devenait donc une rivale de la Flandre, une ennemie ; eût-elle été amie, son amitié eût peu servi désormais. Le duc de Bourgogne avait gagné par l’alliance des Anglais la barrière de la Somme, arrondi, complété sa Bourgogne ; mais leur alliance ne pouvait plus lui garantir ses acquisitions. Ils avaient peine à se défendre, divisés comme ils l’étaient. Entre Winchester et Glocester, Bedford pouvait seul maintenir quelque équilibre ; Bedford mourut ; cette mort soulagea encore la conscience du duc de Bourgogne. Les traités conclus avec Bedford, comme régent de France, lui parurent dès lors moins sacrés ; c’était le point de vue tout littéral du moyen âge ; on se croyait lié viagèrement à celui qui avait signé[2].
Les deux beaux-frères du duc de Bourgogne, le duc de Bourbon et le connétable de Richemont, frère du duc de Bretagne, ne contribuèrent pas peu à le décider. Depuis sa prison d’Azincourt, depuis que,