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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/187

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DISCORDES DE L’ANGLETERRE. — ÉTAT DE LA FRANCE

aux pieds, du duc Philippe, et cria merci de la part du roi pour le meurtre de Jean-sans-Peur. Le duc se montra ému, le releva, l’embrassa, et lui dit qu’il n’y aurait jamais de guerre entre le roi Charles et lui. Le duc de Bourbon et le connétable jurèrent ensuite la paix, ainsi que les ambassadeurs et les seigneurs français et bourguignons.

Mais la réconciliation n’eut pas été complète, si le duc de Bourgogne n’eût conclu un arrangement définitif avec le beau-frère de Charles VII, René d’Anjou. René, n’ayant pu se tenir au premier traité, avait mieux aimé rentrer en prison. Philippe-le-Bon l’en fit sortir, et lui remit une partie de sa rançon en faveur du mariage de sa nièce, Marie de Bourbon, avec un fils de René. Ainsi les maisons de Bourgogne, de Bourbon et d’Anjou se trouvaient unies entre elles et avec le roi. Celle de Bretagne flottait ; le duc ne se déclarait pas ; il trouvait grand profit à la guerre ; on disait que trente mille Normands s’étaient réfugiés en Bretagne. Mais, que le duc fût anglais ou français, son frère Richemont était connétable de France : les Bretons le suivaient volontiers ; les bandes bretonnes faisaient la force de Charles VII ; on les appelait les bons corps[1].

Cette réconciliation de la France mit les Anglais hors d’eux-mêmes[2]; la colère les aveugla, et ils s’enfoncèrent, comme à plaisir, dans leur malheur. Le duc de Bourgogne voulait garder des ménagements avec eux ; il leur offrait sa médiation, ils la repous-

  1. Daru.
  2. « Le jeune roi Henry prit en ce si grand’desplaisance que les larmes lui saillirent hors des yeux. » (Monstrelet.)