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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/188

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HISTOIRE DE FRANCE

sèrent, ils pillèrent et tuèrent les marchands flamands dans Londres. La Flandre s’irritant à son tour, le duc en profita pour entraîner les communes, et il les mena assiéger Calais. Le parti bourguignon tourna comme le duc de Bourgogne ; ceux de Paris, les halles même, le quartier bourguignon par excellence, appelèrent les gens du roi, son connétable, et les mirent dans la ville. Les Anglais, qui y avaient encore quinze cents hommes d’armes et faisaient d’abord mine de résister, s’enfermèrent piteusement dans la Bastille ; puis, ayant peur de la faim, ils obtinrent de s’embarquer et de descendre à Rouen. Le peuple, que trois évêques avaient durement gouverné pour les Anglais, les poursuivit de ses huées ; il criait après l’évêque de Térouane, chancelier des Anglais[1]: « Au renard, au renard ! » Les Parisiens avaient regret de les tenir quittes à si bon marché ; mais il eût fallu assiéger la Bastille, et le connétable lui-même était aux expédients ; l’argent lui manquait : le roi, pour reprendre Paris, n’avait eu que mille francs à lui donner. (1436.) Les Anglais traîneront encore quinze ans en France, chaque jour plus humiliés, échouant partout, mais ne voulant jamais s’avouer leur impuissance, aimant mieux s’accuser les uns les autres, crier à la trahison, jusqu’à ce que l’orgueil et la haine tournent en cette horrible maladie, cette rage épileptique que l’on a baptisée du poétique nom de guerre des Roses. Dès ce moment, le roi a peu à craindre ; il n’a qu’à

  1. Ce chancelier dit depuis « qu’il avoit bien payé son escot ». (Jean Chartier.)