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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/202

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HISTOIRE DE FRANCE

Bretagne à faire agir contre lui l’évêque et l’inquisiteur.

Une justice qui dépendait d’un si rare accord de circonstances, ne devait pas se reproduire aisément. Il n’y avait guère d’exemple qu’un homme de ce rang fût puni[1]. D’autres peut-être étaient aussi coupables. Ces hommes de sang, qui, peu à peu, rentraient dans leurs manoirs après la guerre, la continuaient, et plus atroce encore, contre les pauvres gens sans défense.

Voilà le service que les Anglais nous avaient rendu, la réforme qu’ils avaient accomplie dans nos mœurs. Telle ils laissaient la France… Ils avaient fait entendre, sur le champ même d’Azincourt, qu’ils avaient reçu de Dieu plein pouvoir pour la châtier, l’amender. Jeune en effet et bien légère avait été cette France de Charles VI et de Charles d’Orléans. Les Anglais à coup sûr étaient gens plus sérieux. Examinons ce que nos sages tuteurs avaient fait de nous, dans un séjour de vingt-cinq ans.

D’abord, ce par quoi la France est la France, l’unité du royaume, ils l’avaient rompue. Cette heureuse unité avait été la trêve aux violences féodales, la paix du roi ; paix orageuse encore, mais à la place, les Anglais laissaient partout une horrible petite guerre. Grâce à eux, ce pays se trouvait reporté en arrière, jusque dans les temps barbares ; il semblait que, par-dessus cette

  1. On trouva et l’on punit des Retz dans les rangs inférieurs. La même année (1440) on pendit à Paris un homme, « lequel estoit coustumier, quant il véoit ung petit enffant au maillot ou autrement, il l’ostoit à la mère, et tantost le gettoit au feu sans pitié ». (Journal du Bourgeois.)