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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/204

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HISTOIRE DE FRANCE

contagieuses, qu’on ne distinguait pas trop, mais qu’on appelait au hasard la peste. Charles VII entrevit cette chose affreuse qu’on nommait encore Paris ; il en eut horreur et il se sauva… Les Anglais n’essayaient pas d’y revenir. Les deux partis s’éloignaient, comme de concert. Les loups seuls venaient volontiers ; ils entraient le soir, cherchant les charognes ; comme ils ne trouvaient plus rien aux champs, ils étaient enragés de faim et se jetaient sur les hommes. Le contemporain, qui sans doute exagère, assure qu’en septembre 1438 ils dévorèrent quatorze personnes entre Montmartre et la porte Saint-Antoine[1].

Ces terribles misères sont exprimées, bien faiblement encore, dans la « Complainte du pauvre commun et des pauvres laboureurs[2]. » C’est un mélange de lamentations et de menaces ; les malheureux affamés avertissent l’Église, le roi, les bourgeois et marchands, les seigneurs surtout « que le feu est bien près de leurs hostels ». Ils appellent le roi à leur secours… Mais que pouvait Charles VII ? ce roi de Bourges, cette faible et mesquine figure[3]; comment espérer qu’elle

  1. Journal du Bourgeois. «Et si mangèrent un enflent de nuit en la place aux Chats, derrière les Innocents. » (Ibid.) Ces loups étranglèrent par le plat pays plus de soixante à quatre-vingts personnes. (Jean Chartier.)
  2. Hélas ! hélas ! hélas ! hélas !
    Prélats, princes et bons seigneurs,
    Bourgeois, inarchans et advocats,
    Gens de mestiers, grans et mineurs,
    Gens d’armes, et les trois Estats,
    Qui vivez sur nous, laboureurs, etc.

  3. Charles VII avait une physionomie agréable, mais il n’était pas grand, il avait les jambes minces et grêles. Il paraissait à son avantage, quand il était