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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/216

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HISTOIRE DE FRANCE

Le roi faisait ses pâques à Poitiers, il était à table et dînait lorsqu’on lui apprend que Saint-Maixent a été saisi par le duc d’Alençon et le sire de La Roche. Sur quoi, Richemont lui dit à la bretonne : « Vous souvienne du roi Richard II, qui s’enferma dans une place et se fit prendre. » Le roi trouva le conseil bon ; il monta à cheval et galopa avec quatre cents lances jusqu’à Saint-Maixent. Les bourgeois s’y battaient depuis vingt-quatre heures pour le roi, lorsqu’il vint à leur secours. Les gens de La Roche furent, selon l’usage de Richemont, décapités, noyés, mais ceux d’Alençon renvoyés ; on espérait détacher celui-ci, qui, après tout, était prince du sang, et qui n’était pas plus ferme pour la révolte qu’il ne l’avait été pour le roi[1].

Les petites places du Poitou ne tinrent pas ; Richemont les enleva une à une. Dunois commença alors à réfléchir. Le bourgeois était pour le roi, qui voulait la sûreté des routes, autrement dit, l’approvisionnement facile, le bon marché des vivres. Le paysan, sur qui les gens de guerre étaient retombés, n’y voyait que des ennemis. Le seigneur ne tirait plus rien de son paysan ruiné. L’écorcheur même, qui ne trouvait pas grand’chose, et qui, après avoir couru tout un jour, couchait dans les bois sans souper, en venait à songer qu’après tout il serait mieux de faire une fin, de se reposer et d’engraisser à la solde du roi dans quelque honnête garnison.

  1. Cette mobilité de caractère ressort partout de son procès. (Procès mss. du duc d’Alençon, 1456.)