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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/217

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RÉFORME ET PACIFICATION DE LA FRANCE

Dunois comprit tout cela ; il calcula aussi que le premier qui laisserait les autres aurait un bon traité. Il vint, fut bien reçu, et se félicita du parti qu’il avait pris quand il vit le roi plus fort qu’il ne croyait, fort de quatre mille huit cents cavaliers et de deux mille archers, sans avoir été obligé de dégarnir les Marches de Normandie.

Plus d’un pensa comme Dunois. Maint écorcheur du Midi vint gagner l’argent du roi en combattant les écorcheurs du Nord. Charles VII poussa le duc de Bourbon vers le Bourbonnais, s’assurant des villes et châteaux, ne permettant pas qu’on pillât. Il assembla les États d’Auvergne et fit déclarer hautement que les rebelles n’en voulaient au roi que parce qu’il protégeait les pauvres gens contre les pillards. Les princes, abandonnés et n’obtenant nul appui du duc de Bourgogne, vinrent faire leur soumission ; Alençon d’abord, puis le duc de Bourbon et le dauphin. Pour La Trémouille et deux autres, le roi ne voulait pas les recevoir ; le dauphin hésita s’il accepterait un pardon qui ne couvrait pas ses amis. Il dit au roi : « Monseigneur, il faut donc que je m’en retourne, car ainsi leur ai promis. » Le roi répondit froidement : « Louis, les portes vous sont ouvertes, et si elles ne vous sont assez grandes, je vous en ferai abattre seize ou vingt toises de mur[1]. »

  1. Le chroniqueur bourguignon met encore dans la bouche du roi un mot fort douteux, mais qui devait plaire à l’ambition de la maison de Bourgogne : « Au plaisir de Dieu, nous trouverons aucuns de notre sang, qui nous aideront mieux à maintenir et entretenir notre honneur et seigneurie, qu’encore n’avez fait jusques à ci. » (Monstrelet.)