Aller au contenu

Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
RÉFORME ET PACIFICATION DE LA FRANCE

La Praguerie cette fois s’en tint aux doléances, aux cahiers. Le roi, les laissant perdre le temps à leur assemblée de Nevers, faisait alors un grand et utile voyage à travers tout le royaume, de la Picardie à la Gascogne, mettant partout la paix sur la route, notamment dans les Marches, en Poitou, Saintonge et Limousin. Affermi dans le Nord par la prise de Pontoise, il allait tenir tête aux Anglais dans le Midi. Le comte d’Albret, pressé par eux, avait promis de se rendre, si le roi ne venait le 23 juin tenir sa journée et les attendre sur la lande de Tartas. La condition leur plut. Ils ne croyaient pas qu’il pût venir à temps, encore moins qu’il offrît bataille. Au jour dit, ils virent sur la lande le roi de France et son armée (21 juin 1442).

Cent vingt bannières, cent vingt comtes, barons, seigneurs, se trouvèrent sur cette lande autour de Charles VII. Tous ces Gascons qui s’étaient crus loin du roi, dans un autre monde, commençaient à sentir qu’il était partout. Ils venaient rendre hommage, faire service féodal, et le roi leur rendait justice.

Il en fit une grande et solennelle, l’année suivante (mars 1443). Entre les deux tyrans des Pyrénées, Armagnac et Foix, le petit comté de Comminges était cruellement tiraillé. L’héritière de Comminges avait épousé d’abord, de gré ou de force, un Armagnac, puis le comte de Foix. Celui-ci, qui ne voulait que son bien, se fit faire par elle donation, et il la jeta dans une tour. Il l’y tenait encore vingt ans après, sous prétexte de jalousie ; elle était, disait-il, trop galante. La pauvre femme avait quatre-vingts ans. Les États du Comminges implo-