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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/222

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HISTOIRE DE FRANCE

c’étaient eux justement qui avaient reculé la paix, en nous faisant perdre Harfleur. Ils demandaient la répression des brigands ; mais les brigands n’étaient que trop souvent leurs hommes, comme on vient de le voir par le bâtard de Bourbon. Pour réprimer les brigands, il fallait des troupes, et des tailles, des aides, pour payer les troupes ; or les princes demandaient en même temps la suppression des aides et des tailles. Après ces demandes hypocrites, il y en avait de sincères, chacun réclamant pour soi telle charge, telle pension.

La réponse du roi, qu’on eut soin de rendre publique, fut d’autant plus accablante qu’elle était plus douce et plus modérée[1]. Il répond, spécialement sur l’article des impôts : que les aides ont été consenties par les seigneurs chez qui elles étaient levées ; quant aux tailles, le roi les a « fait savoir » aux trois États, quoique, dans des affaires si urgentes, lorsque les ennemis occupent une partie du royaume et détruisent le reste, il ait bien droit de lever les tailles de son autorité royale. Pour cela, ajoute-t-il, il n’est besoin d’assembler les États ; ce n’est que charge pour le pauvre peuple qui paye les dépenses de ceux qui y viennent ; plusieurs notables personnes ont requis qu’on cessât ces convocations.

— Une autre raison que le roi s’abstint de dire, c’est qu’il eût été souvent difficile d’obtenir des États, où les grands dominaient, un argent qui devait servir à faire la guerre aux grands mêmes.

  1. Réponse singulièrement habile et qui fait beaucoup d’honneur à la sagesse des conseillers de Charles VII. Elle mérite d’être lue en entier dans Monstrelet.