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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/244

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HISTOIRE DE FRANCE

CHAPITRE III

Troubles de l’Angleterre. — Les Anglais chassés de France. (1442-1453.)


C’est une opinion établie en Angleterre dès le quinzième siècle, adoptée par les chroniqueurs, consacrée par Shakespeare[1], que ce pays dut la perte de ses provinces de France et tous ses malheurs au malheur d’avoir eu une reine française, Marguerite d’Anjou. Historiens et poètes, tous voient la fatalité, le mauvais génie de l’Angleterre débarquer avec Marguerite.

Qui aurait pu le soupçonner ? Marguerite était une enfant, elle n’avait que quinze ans ; elle sortait de l’aimable maison d’Anjou, qui, plus qu’aucune autre, avait contribué à rapprocher tous les princes français, à réconcilier la France avec elle-même. Cette jeune reine était la fille du plus doux des hommes, du bon

  1. Disons mieux, par le nom de Shakespeare. En mettant son nom à plusieurs tragédies médiocres qu’il arrangeait un peu, le grand poète a immortalisé toutes les erreurs et les non-sens des chroniqueurs et dramaturges du seizième siècle, qui parlent au hasard du quinzième.