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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/252

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HISTOIRE DE FRANCE

fiefs de Glocester. Au nord, Talbot avait Falaise ; le duc d’York, devenu régent, prit pour lui une ville capitale, royale, la grande ville de Caen.

Le pis, c’est que ces lords, sentant toujours qu’ici ils n’étaient pas chez eux, ne faisaient rien pour les fiefs qu’ils s’étaient chargés de défendre. Ils laissaient tout tomber, murs et tours, en ruine. Ils n’y auraient pas mis un penny ; tout ce qu’ils pouvaient tirer, extorquer, ils l’envoyaient vite au manoir, home… Le home est l’idée fixe de l’Anglais en pays étranger. Tout allait donc s’enfouir dans les constructions de ces monstrueux châteaux, aujourd’hui trop grands pour des rois. Mais les Warwick, les Northumberland, les jugeaient trop petits pour la grandeur future qu’ils rêvaient à leur famille, pour l’aîné, l’héritier, quand Sa Grâce siégerait à Noël dans un banquet de quelques mille vassaux… Ils ne devinaient guère que bientôt père, aîné et puînés, vassaux, biens et fiefs, tout allait périr dans la guerre civile ; tout, sauf le paisible et vrai possesseur de ces tours, le lierre qui dès lors commençait à les vêtir, et qui a fini par envelopper l’immensité de Warwick-Castle.

Quiconque parlait de traiter avec la France, allait avoir contre lui tous ces lords ; ils trouvaient bon que le pays se ruinât pour leur conserver leurs fiefs du continent, leurs fermes, pour mieux dire : ils n’y voyaient rien autre chose. Il était tout simple qu’ils y tinssent. Ce qui était plus surprenant, c’est que la guerre avait tout autant de partisans parmi ceux qui n’avaient rien en France, chez ceux que la guerre