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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/255

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TROUBLES DE L’ANGLETERRE

« les erreurs de jugement dans lesquelles il pourrait tomber ». Ce singulier pardon des fautes à commettre fut ratifié par le Parlement[1].

Rendre une partie pour consolider le reste, c’était faire justement ce que fit saint Louis, lorsque, malgré ses barons, il restitua aux Anglais quelques-unes des provinces que Philippe-Auguste avait confisquées sur Jean-sans-Terre.

Mais ici, il n’y avait même pas restitution définitive pour le Maine. Le roi d’Angleterre accordait, non la souveraineté, mais l’usufruit viager du Maine au frère de René. Encore pour cet usufruit les Français devaient payer aux Anglais, qui tenaient dans ce comté des fiefs de la Couronne, le revenu de dix années[2] pour une possession si précaire, ces feudataires allaient recevoir une somme ronde, en argent, plus sûre et probablement plus forte que tout ce qu’ils en auraient tiré jamais.

Suffolk, de retour, trouva contre lui une unanimité terrible. Jusque-là, on était divisé sur la question ; bien des gens voyaient que pour garder ces possessions ruineuses il faudrait aller jusqu’au fond de toutes les bourses, et ils ne savaient pas trop s’ils voulaient garder à ce prix : l’orgueil disait oui, l’ava-

  1. Le Parlement anglais dégage le roi de la promesse qu’il avait faite, à l’exemple du roi de France, de ne point faire de paix « sans l’aveu des trois États de la nation », 1445. — Le 24 avril 1446, le Parlement déclare que le traité a été fait du propre mouvement du roi, sans qu’il ait été conseillé. (Mss. Bréquigny.)
  2. « Moyennant récompensation de la valeur des dites terres pour dix ans. » (Rymer, 1448, 11 mars.)