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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/262

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HISTOIRE DE FRANCE

il aurait pu donner satisfaction, il n’eût osé le faire ; il avait peur de l’Angleterre encore plus que de la France. N’obtenant pas d’indemnités, les Français en prennent. Le 15 mai, ils saisissent Pont-de-l’Arche à quatre lieues de Rouen ; un mois après, Verneuil. L’armée royale, sous Dunois, entre par Évreux, les Bretons par la Basse-Normandie, les Bourguignons par la Haute. Le comte de Foix attaquait la Guyenne. Tout le monde voulait part dans cette curée.

Le roi coupa toute communication entre Caen et Rouen, reçut la soumission de Lisieux, de Mantes, de Gournay, fit paisiblement son entrée à Verneuil, à Évreux et à Louviers, où René d’Anjou le joignit. Enfin, réunissant toutes ses forces, il vint sommer Rouen de se rendre. La ville était déjà toute rendue de cœur ; sous la croix rouge, tout était français. Quoique Somerset y fut en personne avec le vieux Talbot, il désespéra de défendre cette grande population qui ne voulait pas être défendue. Il se retira dans le château, et en un moment toute la ville eut pris la croix blanche[1]. Somerset avait avec lui sa femme et ses enfants ; nul espoir de sortir ; les bourgeois étaient comme une seconde armée pour l’assiéger ; il se décida à traiter. Pour lui, pour sa femme et ses enfants, pour sa garnison, le roi se contentait de recevoir une petite somme de 50,000 écus ; c’était une bien faible


    contre les vaisseaux de son allié le roi de Castille, et de leurs brigandages sur les grandes routes de France : « Et se nommoient les faux visages, à cause qu’ils se déguisoient d’habits dissolus. » (Jean Chartier.)

  1. App. 109.