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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/325

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CHARLES VII. — PHILIPPE-LE-BON

Cette défaite, la réduction du pays de Waës, rapproche de l’armée ennemie, une épidémie qui éclata, tout donnait force aux partisans de la paix. Le peuple se rassembla au Marché des vendredis ; sept mille osèrent voter pour la paix, contre douze mille qui tinrent pour la guerre. Les sept mille obtinrent que, sans poser les armes, on accepterait l’arbitrage des ambassadeurs du roi.

Le chef de l’ambassade, le fameux comte de Saint-Pol, qui commençait alors sa longue vie de duplicité, trompa tout à la fois le roi et Gand. Il avait du roi mission expresse de saisir cette occasion pour obtenir du duc le rachat des villes de la Somme[1] ; mais il eût été probablement moins indépendant dans sa Picardie ; il s’obstina à n’en point parler. D’autre part, contrairement aux promesses qu’il avait faites aux Gantais, il donna, sans la leur communiquer, et tout à l’avantage du duc de Bourgogne, une sentence d’arbitre qui lui eût livré la ville.

Un tel arbitrage ne pouvait être accepté. Ce qui servit mieux le duc, ce qui, selon toute apparence, avait été sollicité par lui, payé peut-être aux Anglais[2], c’est qu’à ce moment même Talbot débarque en Guyenne (21 octobre 1452), Bordeaux tourne ; tous les ennemis du roi, le duc, le dauphin, la Savoie, sont sauvés du même coup.

Il faut voir ici l’insolence et les dérisions avec les-

  1. App. 156.
  2. Un peu plus tard, les ambassadeurs informent le roi que le duc va faire venir six ou huit mille Anglais en Flandre. (Mss. Dupuy, 28 mars 1453.)