Aller au contenu

Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
343
JACQUES CŒUR. — LE DAUPHIN LOUIS

mais le dauphin était trop dangereux. Nulle intervention n’y fit, ni celle du roi de Castille, qui écrivit pour lui, et même approcha de la frontière, ni celle du pape qui eût sans doute parlé pour son vassal, s’il en eût eu le temps. Le dauphin comptait peut-être aussi mettre en mouvement le clergé. Nous avons vu son étrange démarche auprès des évêques de Normandie. Dans son dernier danger, il fit maint pèlerinage, et envoya des vœux, des offrandes aux églises qu’il ne pouvait visiter : Saint-Michel, Cléry, Saint-Claude, Saint-Jacques de Compostelle. Et à peine eut-il passé chez le duc de Bourgogne qu’il écrivit à tous les prélats de France.

C’était un peu tard. Il avait inquiété l’Église, en empiétant sur les droits des évêques du Dauphiné. Ses ennemis, Dunois, Chabannes, jugèrent avec raison qu’il ne serait point soutenu, que ni son oncle de Bourgogne, ni son beau-père le Savoyard, ni ses sujets du Dauphiné, ni ses amis secrets de la France, ne tireraient l’épée pour lui. Ils agirent avec une vivacité extrême, frappèrent coup sur coup.

D’abord, le 27 mai 1456, le duc d’Alençon fut arrêté par Dunois lui-même, la terreur imprimée dans les Marches d’Ouest, la porte fermée au duc d’York, que les malveillants auraient appelé sans nul doute in extremis.

Un second coup (7 juillet) frappé sur les Anglais, mais tout autant sur le duc de Bourgogne, fut la réhabilitation de la Pucelle d’Orléans[1], condamnation

  1. Le peuple ne pouvait croire à la mort de la Pucelle ; elle ressuscita plusieurs fois. App. 171.