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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/361

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CHARLES VII ET PHILIPPE-LE-BON

wallon ou en français[1], les parties s’entendant peu, le juge ne comprenant pas, il pouvait, en bonne conscience, condamner, pendre, rouer l’un pour l’autre.

Ce n’est pas tout. Chaque province, chaque ville ou village, fier de son patois, de sa coutume, se moquant du voisin : de là force querelles, batteries de kermesses, haines de villes, interminables petites guerres.

Entre les Wallons seuls, que de diversités ! de Mézières et Givet à Dinant, par exemple, du féodal Namur à la république épiscopale de Liège. Du côté de la langue allemande, on peut juger de la violence des antipathies par l’empressement avec lequel les Hollandais, au moindre signe, accouraient armés dans les Flandres.

Chose étrange qu’en ces contrées uniformes et monotones, sur ces terres basses, vagues, où toute différence s’adoucit et se pacifie, où les fleuves languissants semblent s’oublier plutôt que finir, que, là justement, dans l'indistinction géographique, les oppositions sociales se prononcent si fortement !

Mais les Pays-Bas n’étaient point le seul embarras du duc de Bourgogne. Le mariage qui fit la fortune de son grand-père l’avait établi à la fois sur la Saône, la Meuse et l’Escaut. Du même coup il s’était trouvé triple, multiple à l’infini. Il avait acquis un empire, mais aussi cent procès, procès pendants, procès à venir, relations avec tous, discussions avec tous, tentations d’acquérir, occasions de batailler, de la guerre pour

  1. Je parle surtout du Conseil supérieur.