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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/362

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HISTOIRE DE FRANCE

des siècles. Il avait, en ce mariage, épousé l’incompatibilité d’humeur, la discorde, le divorce permanent… Mais cela ne suffisait pas. Les ducs de Bourgogne allèrent augmentant toujours et compliquant l’imbroglio : « Plus ils estoient embrouillés, plus ils s’embrouilloient[1]. »

Par le Luxembourg, la Hollande et la Frise, ils avaient entamé un interminable procès avec l’Empire, avec les Allemagnes, les vastes, lentes et pesantes Allemagnes, dont on pouvait se jouer longtemps, mais pour perdre à la fin, comme dans toute dispute avec l’infini.

Du côté de la France, les affaires étaient bien plus mêlées encore. Par la Meuse, par Liège et les La Marck, la France remuait à volonté une petite France wallonne entre le Brabant et le Luxembourg. Vers la Flandre, le Parlement avait droit et justice ; il le faisait sentir rarement, mais rudement.

La France avait encore sur le duc une prise plus directe. Avec quoi, ce cadet de France, créé par nous guerroyait-il en France ? avec des Français. Il demandait de l’argent aux Flamands, mais, s’il s’agissait d’un conseil ou d’un coup d’épée, c’était aux Wallons, aux Français qu’on avait recours. Les conseillers principaux, Raulin, Hugonet, Humbercourt, les Granvelle, furent toujours des deux Bourgognes. Le valet confident de Philippe-le-Bon, Toustain, était un Bourguignon ; son chevalier, son Roland, Jacques de Lalaing, était un homme du Hainaut.

  1. Ils essayèrent pourtant de simplifier par des moyens violents, par exemple en dépouillant la maison de Nevers. App. 177.