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APPENDICE

Il s’y trouve des passages de tous les saints, etc.

M. Gence va chercher dans tous les auteurs sacrés et profanes les passages qui peuvent avoir un rapport, même éloigné, avec les paroles de l’Imitation ; il risque de faire tort à son livre chéri, en faisant croire que ce n’est qu’un centon. — Suarez pense que les trois premiers livres sont de Jean de Verceil, d’Ubertino de Casal, de Pietro Renalutio ; Gerson aurait ajouté le quatrième livre, et Thomas de Kempen aurait mis le tout en ordre. Cet éclectisme est fort arbitraire. La seule chose spécieuse que j’y trouve, c’est que le quatrième livre, d’une tendance bien plus sacerdotale que les trois autres, pourrait fort bien ne pas être de la même main. (J. M. Suarez, Conjectura de Imitatione, 1667, in-4o, Romæ.)

L’auteur c’est le Saint-Esprit…

Voy. aussi dans l’édition de M. Gence (p. liii) la note spirituelle et paradoxale qu’il a tirée d’un ms. de l’abbé Mercier de Saint-Léger.

Ce livre a été préparé dans des siècles antérieurs…

« Il y avait, au moyen âge, deux existences : l’une guerrière et l’autre monacale. D’une part, le camp et la guerre ; de l’autre, l’oraison et le cloître. La classe guerrière a eu son expression dans les épopées chevaleresques ; celle qui veillait dans les cloîtres a eu besoin de s’exprimer aussi ; il lui a fallu dire ses effusions rêveuses, les tristesses de la solitude tempérée par la religion ; et qui sait si l’Imitation n’a pas été l’épopée intérieure de la vie monastique, si elle ne s’est pas formée peu à peu, si elle n’a pas été suspendue et reprise, si elle n’a pas été enfin l’œuvre collective que le monachisme du moyen âge nous a léguée comme sa pensée la plus profonde et son monument le plus glorieux ? » Telle est l’opinion que M. Ampère a exprimée dans son cours. Je suis heureux de me rencontrer avec mon ingénieux ami. J’ajoute seulement que cette épopée monastique me paraît n’avoir pu se terminer qu’au quatorzième ou au quinzième siècle.


2 — page 4Le franciscain Ubertino de Casal, Ludolph, et même Tauler, etc.

Rien n’est moins judicieux, plus puéril même, que la manière dont Ubertino veut interpréter l’Évangile. « Le bœuf, dit-il, signifie que nous devons ruminer ce que le Christ a fait pour nous, l’âne », etc. (Arbor crucifixi Jesu, lib. III, c. iii.) — Tauler lui-même, qui écrit plus tard, tombe encore dans ces explications ridicules : « Via per sinistri pedis vulnus est sitibunda nostræ sensualitatis mortificatio. » (Tauler, éd. Coloniæ, p. 809.) — Quant à