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CHARLES VII. — HENRI VI

Quelque léger que fût l’échec, il découragea tout le monde. Les plus avisés s’empressèrent de quitter une ville qui semblait perdue. Le jeune comte de Clermont eut la faiblesse de partir avec ses deux mille hommes ; l’amiral de France, le chancelier de France pensèrent que ce serait dommage si les grands officiers du roi étaient pris par les Anglais, et ils s’en allèrent aussi.

Les hommes d’armes n’espérant plus de secours humain, les prêtres ne comptèrent pas beaucoup sur le secours divin : l’archevêque de Reims partit ; l’évêque même d’Orléans laissa ses brebis se défendre comme elles pourraient[1].

Ils s’en allèrent tous le 18 février, assurant aux bourgeois qu’ils reviendraient bientôt en force. Rien ne put les retenir. Le bâtard d’Orléans, qui défendait avec autant d’adresse que de vaillance l’apanage de sa maison, leur disait en vain, depuis le 12, qu’on devait attendre un secours miraculeux ; qu’il allait venir des Marches de Lorraine une fille de Dieu qui promettait de sauver la ville. L’archevêque, qui était un ancien secrétaire du pape[2], un vieux diplomate, ne s’arrêta pas beaucoup à ces histoires de miracle.

Dunois lui-même ne comptait pas tellement sur le secours d’en haut, qu’il n’employât un moyen très humain, très politique, contre les Anglais. Il envoya Xaintrailles au duc de Bourgogne pour le prier, comme parent du duc d’Orléans, de prendre sa ville

  1. L’Histoire et Discours au vray du siège.
  2. De Jean XXIII ; chancelier de France depuis 1425.