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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/42

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HISTOIRE DE FRANCE

en garde. Le duc, Philippe-le-Bon, venait justement d’acquérir, outre la forte position de Namur, le Hainaut et la Hollande, ces deux ailes de la Flandre que les anglais lui avaient si maladroitement disputées. On le priait de se faire donner la grande et importante position du centre de la France. Il était en train d’acquérir ; il ne refusa pas Orléans. Il alla droit à Paris, et dit la chose à Bedford, qui répondit sèchement qu’il n’avait pas travaillé pour le duc de Bourgogne[1]. Celui-ci, fort blessé, rappela ce qu’il avait de troupes au siège d’Orléans.

Nous ne savons pas si les Anglais perdirent beaucoup d’hommes au départ des Bourguignons. Au reste, ils avaient justement achevé leurs travaux autour de la ville. Les Bourguignons partirent le 17 avril ; dès le 15, les Anglais avaient fini leur dernière bastille du côté de la Beauce, celle qu’ils nommaient Paris ; le 20, ils terminèrent, du côté de la Sologne, celle de Saint-Jean-le-Blanc, qui fermait la haute Loire, d’où les Orléanais tiraient jusque-là leurs approvisionnements.

Les vivres entrant avec peine, le mécontentement commença ; beaucoup de gens trouvaient sans doute que la ville avait fait bien assez de sacrifices pour se conserver à son seigneur ; il valait mieux qu’Orléans devint anglais que de ne plus être. Les choses n’en restèrent pas là. On trouva qu’il avait été fait un trou dans le mur de la ville ; la trahison était évidente.

D’autre part, Dunois ne pouvait rien attendre de

  1. Disant : « Qu’il seroit bien marry d’avoir battu les buissons et que d’autres eussent les oisillons. » (Jean Chartier.)