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LA PUCELLE D’ORLÉANS

À son arrivée, les fuyards tournèrent visage. Dunois, qui n’avait pas été averti non plus, arrivait en même temps. La bastille (c’était une des bastilles du nord) fut attaquée de nouveau. Talbot essaya de la secourir. Mais il sortit de nouvelles forces d’Orléans, la Pucelle se mit à leur tête, et Talbot fit rentrer les siens. La bastille fut emportée.

Beaucoup d’Anglais qui avaient pris des habits de prêtres pour se sauver, furent emmenés par la Pucelle et mis chez elle en sûreté[1] ; elle connaissait la férocité des gens de son parti. C’était sa première victoire, la première fois qu’elle voyait un champ de massacre. Elle pleura, en voyant tant d’hommes morts sans confession[2]. Elle voulut se confesser, elle et les siens, et déclara que le lendemain, jour de l’Ascension, elle communierait et passerait le jour en prières.

On mit ce jour à profit. On tint le conseil sans elle, et l’on décida que cette fois l’on passerait la Loire pour attaquer Saint-Jean-le-Blanc, celle des bastilles qui mettait le plus d’obstacle à l’entrée des vivres, et qu’en même temps l’on ferait une fausse attaque de l’autre côté. Les jaloux de la Pucelle lui parlèrent seulement de la fausse attaque, mais Dunois lui avoua tout.

Les Anglais firent alors ce qu’ils auraient dû faire plus tôt. Ils se concentrèrent. Brûlant eux-mêmes la bastille qu’on voulait attaquer, ils se replièrent dans

  1. Déposition de Louis Contes, page de la Pucelle.
  2. Déposition de frère Pasquerel, son confesseur.