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LA PUCELLE D’ORLÉANS

des petites places ; c’était l’avis le plus timide, et surtout l’intérêt des maisons d’Orléans, d’Anjou, celui du Poitevin La Trémouille, favori de Charles.

Suffolk s’était jeté dans Jargeau ; il y fut renfermé, forcé. Beaugency fut pris aussi, avant que lord Talbot eût pu recevoir les secours du régent que lui amenait sir Falstoff. Le connétable de Richemont, qui depuis longtemps se tenait dans ses fiefs, vint avec ses Bretons, malgré le roi, malgré la Pucelle, au secours de l’armée victorieuse[1].

Une bataille était imminente ; Richemont venait pour en avoir l’honneur. Talbot et Falstoff s’étaient réunis ; mais, chose étrange qui peint et l’état du pays et cette guerre toute fortuite, on ne savait où trouver l’armée anglaise dans le désert de la Beauce, alors couverte de taillis et de broussailles. Un cerf découvrit les Anglais ; poursuivi par l’avant-garde française, il alla se jeter dans leurs rangs.

Les Anglais étaient en marche et n’avaient pas, comme à l’ordinaire, planté leur défense de pieux. Talbot voulait seul se battre, enragé qu’il était, depuis Orléans, d’avoir montré le dos aux Français ; sir Falstoff, au contraire, qui avait gagné la bataille des Harengs, n’avait pas besoin d’une bataille pour se réhabiliter ; il disait en homme sage qu’avec une armée découragée il fallait rester sur la défensive. Les gens d’armes français n’attendirent pas la fin de la dispute ; ils arrivèrent au galop, et ne trouvèrent

  1. App. 32.