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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/107

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pule d’écrire à l’Assemblée et au roi. La lettre fut renvoyée (10 décembre). Louis XVI se montra un parfait beau-frère de l’Empereur[1]. L’Assemblée méprisa une révolution d’abbés. Les Tuileries, entièrement dominées par l’ambassadeur d’Autriche, parvinrent à endormir l’honnête M. de La Fayette, qui endormit l’Assemblée.

L’homme de la reine, La Marck, partit en décembre pour offrir son épée aux Belges, ses compatriotes, contre l’Autrichien. Il avait cependant le consentement de la reine et, par conséquent, celui de l’ambassadeur d’Autriche. On espérait que La Marck, grand seigneur aimable, ami de toute nouveauté, pourrait servir de médiateur, et peut-être faire accepter aux Belges, alors vainqueurs, un moyen terme qui apaisât tout, une constitution bâtarde sous un prince autrichien. — Avec ce mot de constitution, on endort encore La Fayette.

La Marck, très justement suspect au parti des prêtres belges et de l’aristocratie, réussit mieux auprès de ceux qu’on appelait progressistes. L’Autriche, pour diviser ses ennemis, se disait alors amie du progrès. L’avènement du philanthrope et réformateur Léopold aidait fort à ce mensonge (20 février).

Dans sa participation indirecte à tout cela, la reine

  1. Je ne crois pas qu’aux Tuileries on ait eu jamais sérieusement l’idée de faire le duc d’Orléans roi de Brabant, comme quelques-uns l’ont dit. Le vrai moyen d’y faire sa cour, c’était de témoigner beaucoup d’intérêt pour l’Empereur. C’est aussi ce que fait Livarot, commandant de Lille. (Correspondance inédite, 30 novembre 1789, 13 décembre 1789.)