Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/108

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se fit grand tort. Elle eût dû se lier de plus en plus au clergé. L’Autriche, en lutte avec le clergé, avait des intérêts absolument différents.

Elle espérait apparemment que, si l’Empereur, s’arrangeant avec les Belges, se retrouvait enfin libre de ses mouvements, elle pourrait s’abriter sous la protection impériale, montrer à la Révolution une guerre prête à fondre sur la France, peut-être fortifier la petite armée de Bouillé de quelques corps autrichiens.

Mauvais calcul. Tout cela était trop long, et le temps marchait très vite. L’Autriche, fort égoïste, était un secours très lointain et très douteux.

Quoi qu’il en soit, les deux beaux-frères suivirent exactement la même conduite. Dans le même mois, Louis XVI et Léopold se déclarèrent l’un et l’autre amis de la liberté, défenseurs zélés des constitutions, etc.

Même conduite dans deux situations parfaitement opposées. Léopold agissait très bien pour regagner la Belgique ; il divisait ses ennemis, fortifiait ses amis. Louis XVI, tout au contraire, loin de fortifier ses amis, les jetait par cette parade dans le plus profond découragement ; il paralysait le Clergé, la Noblesse, la contre-révolution.

Les modérés, Necker, Malouet, croyaient que le roi, par une profession de foi constitutionnelle, presque révolutionnaire, pouvait se constituer le chef de la Révolution. C’est ainsi que les conseillers de Henri III lui firent faire la fausse démarche de