Aller au contenu

Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

du peuple, c’est la décision du maître ; nous n’y réformerons rien ; tâchons seulement de comprendre.

Ce dernier point est déjà assez difficile. Je m’y suis tenu, sachant bien, quand je rencontrais des jugements discutés, des faits étranges parfois où la tradition commune ne semblait pas concorder avec tels documents imprimés, qu’il fallait rarement préférer ceux-ci ; les Mémoires sont des plaidoyers pour telle cause individuelle, les journaux plaident de même pour l’intérêt des partis. J’ai fouillé alors d’autres sources, jusqu’ici trop négligées, et j’ai vu avec admiration que, pour souscrire aux jugements de l’ignorance populaire, c’est la science qui m’avait manqué.

Un éclatant exemple de ceci, c’est le fait immense des fédérations, dont le peuple, principalement celui des campagnes, est resté si profondément impressionné, et qu’il ne manque jamais de rappeler avec effusion, dès qu’on parle de l’année 1790. Est-ce à tort ? Les fédérations furent-elles de simples fêtes ? On le croirait, au peu d’attention que leur donnent alors les journaux de Paris. Furent-elles des fêtes bourgeoises, comme on a essayé depuis de le faire entendre ? Comment se fait-il alors que l’imagination, le cœur du peuple, en soient encore tout remplis ?… Lisez les procès-verbaux des fédérations ; comparez-les aux documents imprimés de l’époque : vous trouverez que ces grandes réunions armées, se succédant pendant neuf mois (de novembre 1789 à juillet 1790). eurent l’effet très grave de montrer aux aristocrates