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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/236

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ments, qui, à ce moment même, conspiraient contre la France. Ces réfugiés semblaient un comité européen, tout formé contre l’Europe, un premier noyau des légions étrangères que Carnot conseilla plus tard.

En face de la fédération des peuples, il s’en faisait une des rois. Certes la reine de France avait sujet d’avoir bon espoir, en voyant avec quelle facilité son frère Léopold avait rallié l’Europe à l’Autriche. La diplomatie allemande, si lente ordinairement, avait pris des ailes. Cela tenait à ce que les diplomates n’y étaient pour rien. L’affaire s’arrangeait personnellement par les rois, à l’insu des ambassadeurs, des ministres. Léopold s’était adressé tout droit au roi de Prusse, lui avait montré le danger commun, avait ouvert un congrès en Prusse même, à Reichembach, de concert avec l’Angleterre et la Hollande.

Sombre horizon. La France entourée des vœux impuissants des peuples, et tout à l’heure assiégée des haines et des armées des rois.

La France peu sûre au dedans. La cour faisant tous les jours des conquêtes dans l’Assemblée, agissant non plus par la droite, mais par la gauche elle-même, par le club de 1789, par Mirabeau, par Sieyès, par les corruptions diverses, par la trahison, la peur. Elle emporta ainsi d’emblée une liste civile de vingt-cinq millions, pour la reine un douaire de quatre. Elle obtint des mesures répressives contre la presse, et s’enhardit à faire poursuivre le 5 et le 6 octobre.

Voilà ce que les fédérés trouvèrent en arrivant à