Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/259

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Calonne, c’est Necker, c’est Dumouriez, les gens à qui la France a confié ses affaires, qui usent de cette connaissance, qui écrivent contre la France des livres profondément anglais.

Ces trois n’ont pas cependant la grande responsabilité. Calonne était trop méprisé pour être cru, les deux autres trop haïs.

L’homme qui agit incontestablement avec plus d’efficacité contre la Révolution, qui nuisit le plus à la France, qui rassura le plus l’Angleterre sur la légitimité de sa haine, fut un Irlandais (d’origine), Lally-Tollendal.

C’est de lui qu’un autre Irlandais, Burke, reçut le texte tout fait, de lui qu’il partit, et portant la haine et l’insulte à la seconde puissance, donna le ton à l’Europe. Ces deux hommes parlèrent ; tout le reste répéta.

Qu’on ne dise pas que je leur donne une responsabilité exagérée, qu’avec leur brillante faconde sans idées, avec la légèreté de leur caractère, ils n’avaient pas en eux de quoi changer ainsi l’Europe. Je répondrai que de tels hommes n’en font que de meilleurs acteurs, parce qu’ils jouent au sérieux, parce que leur vide intérieur leur permet d’autant mieux d’adopter, de pousser vivement comme leurs toutes les idées des autres. Nous avons vu dernièrement un homme tout semblable, O’Connell, tout aussi bruyant et tout aussi vide, prononcer au profit de l’Angleterre, au dommage de l’Irlande, le mot qui pouvait ôter à cette pauvre Irlande son futur salut, peut-être, la