Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/349

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de l’enthousiasme calculé, du sombre et froid fanatisme qui caractérise les Jacobins.

Les Cordeliers, à l’époque où nous sommes, étaient une société bien plus populaire. Chez eux n’existait pas la division des Jacobins entre l’Assemblée des hommes politiques et la société fraternelle où venaient les ouvriers. Nulle trace non plus aux Cordeliers du Sabbat ou comité directeur. Nulle d’un journal commun au club (sauf un essai passager). On ne peut comparer, au reste, les deux sociétés. Les Cordeliers étaient un club de Paris. Les Jacobins, une immense association qui s’étendait sur la France. Mais Paris vibrait, remuait, aux fureurs des Cordeliers. Paris une fois en branle, les révolutionnaires politiques étaient bien obligés de suivre.

L’individualité fut très forte aux Cordeliers. Leurs journalistes, Marat, Desmoulins, Fréron, Robert, Hébert, Fabre d’Églantine, écrivent chacun pour lui. Danton, le tout-puissant parleur, ne voulut jamais écrire. En revanche, Marat, Desmoulins, qui bégayaient ou grasseyaient, ne faisaient guère qu’écrire, parlaient rarement.

Toutefois, avec ces différences, cet instinct d’individualité, il y avait, ce semble, entre eux un lien très fort et comme un aimant commun. Les Cordeliers formaient une sorte de tribu ; tous demeuraient autour du club : Marat, même rue, presque en face, à la tourelle ou auprès ; Desmoulins et Fréron, ensemble, rue de l’Ancienne-Comédie ; Danton, pas-