Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/363

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monde est à moi. » Alors plus d’émigrants. La nature est une, la société est une. Les forces divisées se heurtent ; il en est des nations comme des nuages qui s’entre-foudroient nécessairement. »

« Tyrans, vos trônes vont s’écrouler sous vous. Exécutez-vous donc vous-mêmes. On vous fera grâce de la misère et de l’échafaud… Usurpateurs de la souveraineté, regardez-moi en face… Est-ce que vous ne voyez pas votre sentence écrite aux murs de l’Assemblée nationale ?… Allons, n’attendez pas la fusion des sceptres et des couronnes, venez au-devant d’une révolution qui délivre les rois des embûches des rois, les peuples de la rivalité des peuples. »

« Vivat Anacharsis ! s’écria Desmoulins. Ouvrons avec lui les cataractes du ciel. Ce n’est rien que la raison ait noyé le despotisme en France ; il faut qu’elle inonde le globe, que tous les trônes des rois et des lamas, arrachés de leurs fondements, nagent dans ce déluge… Quelle carrière, de Suède au Japon !… La Tour de Londres branle… Un innombrable club de Jacobins d’Irlande a eu, pour première séance, une insurrection. Au train que prennent les choses, je ne placerais pas un schelling sur les biens du clergé anglican. Quant à Pitt, c’est un homme lanterné, à moins qu’il ne prévienne par la démission de sa place la démission de sa tête, que John Bull va lui demander… On commence à pendre les inquisiteurs sur le Mançanarez ; la liberté souffle fort de la France au Midi ; c’est tout à l’heure qu’on pourra dire : « Il n’y a plus de Pyrénées. »