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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/394

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en 1775, sous le titre suivant : De l’Homme, ou des principes et des lois de l’influence de l’âme sur le corps et du corps sur l’âme (Amsterdam).

Le faible et flottant éclectisme que nous avons observé dans les livres politiques et les journaux de Marat, paraît singulièrement dans cet ouvrage de physiologie et de psychologie. Il semble spiritualiste, puisqu’il déclare que l’âme et le corps sont deux substances distinctes, mais l’âme n’en tire guère avantage ; Marat la place entièrement dans la dépendance du corps, déclarant que ce que nous appellerions qualités morales, intellectuelles, courage, franchise, tendresse, sagesse, raison, imagination, sagacité, etc., ne sont pas des qualités inhérentes à l’esprit ou au cœur, mais des manières d’exister de l’âme qui tiennent à l’état des organes corporels (II, 377). Contrairement aux spiritualistes, il croit que l’âme occupe un lieu : il la loge dans les méninges. Il méprise profondément le chef du spiritualisme moderne, Descartes. En psychologie, il suit Locke et le copie sans le citer (t. II et III, passim). En morale, il estime et loue La Rochefoucauld (Disc. prélim., p. vii, xii). Il ne croit pas que la pitié, la justice, soient des sentiments naturels, mais acquis, factices (t. I, p. 165 et 224, note). Il assure que l’homme, dans l’état de nature, est nécessairement un être lâche. Il croit prouver « qu’il n’y a point d’âmes fortes, puisque tout homme est irrésistiblement soumis au sentiment et l’esclave des passions » (II, 187).