question de la guerre extérieure se posa en même temps, d’abord à l’occasion des mesures à prendre contre les émigrés. L’émigration, pour laquelle on demandait la tolérance, aussi bien que pour les prêtres, prenait, comme eux, l’offensive ; une offensive qui, pour n’être pas toujours directe, n’en était que plus irritante. Les émigrés faisaient par tout le royaume un vaste travail d’embauchage, essayant de gagner les troupes, recrutant parmi les nobles de gré ou de force, menaçant les gentilshommes ou leurs clients qui ne partaient pas. Les routes étaient couvertes de voitures qui allaient à la frontière, emportant des masses d’argent, réalisées à tout prix. La frontière était bordée de ce peuple d’émigrés qui s’agitaient sur l’autre rive, appelaient ou faisaient signe, se créaient des intelligences, tâtaient les places fortes, frétillaient d’entrer. Les ministres de Louis XVI, les administrations centrales ou départementales, fermaient les yeux ou aidaient. Telle administration financière, par exemple, multipliait, entassait ses employés les plus actifs sur la frontière même, les approchant de la tentation, les tenant prêts ou à passer ou à recevoir les émigrés qui passeraient et à leur prêter main-forte.
La France était comme un malheureux qu’on tient immobile, pendant qu’une nuée d’insectes le harcèle, cherchant la partie tendre à l’aiguillon, l’inquiète, le chatouille et l’agace, le pique ici et là, boit sa vie et pompe son sang.
Brissot entama la question (20 octobre 1791) d’une