manière élevée, humaine, qui donne même aujourd’hui le principe selon lequel l’histoire doit la juger encore. Il demanda qu’on distinguât entre l’émigration de la haine et l’émigration de la peur, qu’on eût de l’indulgence pour celle-ci, de la sévérité pour l’autre. Il déclara, conformément aux idées de Mirabeau, qu’on ne pouvait enfermer les citoyens dans le royaume, qu’il fallait laisser les portes ouvertes. Il rejeta également toute mesure de confiscation. Seulement il demanda que l’on fît cesser l’abus ridicule de payer encore des traitements à des gens armés contre nous, à un Condé, à un Lambesc, à un Charles de Lorraine, etc. Il proposa d’exécuter le décret de la Constituante qui mettait sur les biens des émigrés triple imposition. Il voulait qu’on frappât surtout les émigrés fonctionnaires, les chefs, les grands coupables ; il parlait des frères du roi.
Puis, derrière les émigrés, il atteignit leurs protecteurs, les rois de l’Europe, montra l’orage à l’horizon. L’alliance imprévue, monstrueuse, de la Prusse et de l’Autriche, tout à coup amies. La Russie insolente, violente, défendant à notre ambassadeur de se montrer dans les rues, envoyant un ministre russe à nos fuyards de Coblentz. Les petits princes flattant les grands avec des outrages à la France. Berne punissant une ville pour avoir chanté les airs de la Révolution. Genève armant ses remparts, dirigeant contre nous la gueule de ses canons. L’évêque de Liège ne daignant recevoir un ambassadeur français.
Brissot ne dit pas tout encore sur la haine furieuse