Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/349

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tant, elles se réveillent enchaînées… Le moins pardonnable des crimes est celui qui a pour but de ramener l’homme à l’esclavage ; si le feu du ciel était au pouvoir des hommes il faudrait en frapper ceux qui attentent à la liberté des peuples. »

Ce discours désordonné, comme une trombe du Midi, enleva tout sur son passage. Condorcet essaya de répondre et personne n’écouta. On décréta, séance tenante, pour première mesure : « Que si Louis-Stanislas-Xavier, prince français ne rentrait pas dans deux mois, il abdiquait son droit à la régence. » — Le 8 novembre, décret général contre les émigrés, d’après Vergniaud et Isnard : « S’ils ne rentrent au 1er janvier, coupables de conjuration, poursuivis, punis de mort. — Les princes, les fonctionnaires, sont spécialement coupables. — Les revenus des contumaces perçus au profit de la nation, sauf les droits des femmes, des enfants, des créanciers. — Les officiers punis comme le soldat déserteur. — L’embauchement puni de mort. — Dans les quinze premiers jours de janvier, pourra être convoquée la haute cour nationale. »

On apprit le surlendemain la tentative de la contre-révolution à Caen, qui avait failli renouveler sur un curé constitutionnel l’horrible scène de Lescuyer, égorgé dans l’église d’Avignon. Ici, les nobles armés, avec leurs domestiques armés, étaient venus soutenir le curé réfractaire ; ils avaient menacé la garde nationale, frappé, tiré sur elle jusqu’à ce qu’elle les désarmât. Le plus grave, c’est que la commune et le