Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/355

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qui ne sont nullement des citoyens ordinaires, qui ont un privilège énorme et se trouvent bien plus responsables, exerçant une magistrature, et la plus autorisée. Si vous dites qu’elle est antérieure, extérieure à l’action de l’État, voyez ce qui en résulte : c’est que cette autorité extérieure, placée aux fondements mêmes de la société, peut les ruiner à son aise et se trouver un matin avoir renversé l’État. Le partage entre l’État et le prêtre a ce résultat étrange ; l’État dit à l’autre : « Prends l’âme, moi je garderai le corps, je gouvernerai ses mouvements ; à toi la volonté, à moi l’action. » Division puérile, impossible : l’action dépend de celui dont dépend la volonté.

Le décret avait un grand défaut, c’était de faire porter justement la répression sur un point où tout le monde se ferait honneur de la mériter. Dans une question de conscience, elle portait une peine d’argent ! Quel avantage elle donnait là à l’ennemi ! Au défaut de fanatisme, l’honneur seul, l’honneur du gentilhomme, la noble folie de la vieille France, allait, à coup sûr, faire oublier toute considération de devoir public, d’amour de la paix. Ceux même qui, au nom du salut commun, du vrai christianisme, se seraient soumis, on les ramenait, par cette pénalité basse, à la question du point d’honneur et de la dignité personnelle.

Il ne fallait point de décret, point de mesure générale. Il fallait des hommes, — des hommes dans la main de l’Assemblée, agissant sous la