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L’égalité, fondée ainsi, devait être montrée et rendue visible par l’adoption, sinon d’un même costume, ce qui est impraticable, mais au moins d’un signe commun. On adopta le bonnet rouge, universellement porté alors par les plus pauvres paysans. On préférait la couleur rouge à toute autre, comme plus gaie, plus éclatante, plus agréable à la foule. Personne alors n’avait l’idée que ce rouge fût celui du sang[1].

Ce fut une femme, une mère, qui, dans ce danger public du dehors et du dedans, écrivit (31 janvier 1792) au club de l’Évêché qu’il fallait ouvrir une souscription pour la fabrication des piques et l’armement universel du peuple. Les assistants émus donnèrent immédiatement tout ce qu’ils pouvaient. La presse girondine répandit, poussa la chose. Les Jacobins, peu favorables à la guerre et mortifiés sans doute d’avoir été prévenus, goûtèrent peu les piques, peu le bonnet rouge ; ils gardèrent un profond silence. Le 7 février seulement, un ardent Savoyard, Doppet, leur présenta un serrurier qui venait faire hommage des piques qu’il avait forgées. On nomma des commissaires pour le perfectionnement de cette arme.

L’élan du faubourg Saint-Antoine, qui déjà s’était si bien servi des piques en 1789, fut extraordinaire.

  1. Ceci en décembre et janvier (voir les articles de Brissot qui donnèrent l’élan).

    Ce bonnet rouge n’est donc pas, comme on l’a dit, emprunté aux galériens, aux soldats de Châteauvieux, dont l’opinion ne s’occupe que longtemps après, en avril.