Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/425

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pas moins victime d’un flatteur du peuple… Ah ! ce trait me rappelle l’horrible calomnie élevée contre M. de Condorcet. C’est au moment où ce respectable patriote, luttant contre la maladie, se livre à des travaux immenses, où il termine le plan d’instruction publique, apprend aux puissances étrangères à respecter le peuple libre, s’épuise en calculs infinis pour régler les finances de l’Empire, c’est alors que vous calomniez ce grand homme ! Qui êtes-vous pour avoir ce droit ? Qu’avez-vous fait ? Où sont vos travaux ? Où sont vos écrits ? Pouvez-vous citer, comme lui, trente ans d’assauts livrés, avec nos illustres philosophes, au trône, à la superstition ? Ah ! si leur brûlant génie ne leur eût révélé le mystère de la liberté qui fit leur grandeur, croyez-vous que la tribune retentirait aujourd’hui de vos discours sur la liberté ? Ce sont vos maîtres, et vous les calomniez pendant qu’ils servent le peuple ! Le monument le plus ferme de votre Révolution, c’est la philosophie. Voyez celles qui ont manqué, elles n’étaient pas fondées sur la philosophie. Le patriote est philosophe. On l’accuse d’être froid, même d’être ennemi du peuple, parce qu’il travaille pour lui en silence… Prenez-garde, vous suivez vous-même les impulsions de la cour. Que veut-elle ? Faire rétrograder les lumières du peuple. Que veulent les philosophes ? Que le peuple s’éclaire, qu’il se passe également de protecteurs et de tribuns. »

À cette foudroyante attaque, Guadet en ajouta une, plus directe encore, sommant Robespierre de dévoiler