Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/438

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Le roi déclare « qu’il adopte cette détermination, conforme au vœu de l’Assemblée et de plusieurs citoyens de divers départements ». Il propose formellement la guerre.

Le même jour, à cinq heures, dans la séance du soir, la discussion est prise immédiatement. L’unanimité, sur cette grande question, était presque acquise d’avance. Ce fut un Feuillant, Pastoret, qui, le premier, voyant monter ce flot invincible, s’y associa habilement et proposa le décret de déclaration de guerre. Un autre Feuillant, Becquey, essaya d’arrêter l’élan en inquiétant l’Assemblée par le tableau de l’Europe, lui montrant l’Europe peu sûre, l’Espagne menaçant par derrière, la sédition au dedans, l’armée indisciplinée, les finances en mauvais ordre. Ce dernier mot donna à Cambon l’heureuse occasion d’un mot qui éloigna toute crainte : « Nos finances, Monsieur, vous ne les connaissez pas ; nous avons de l’argent plus qu’il n’en faut. » Et déjà il avait dit, le 24 février : « La France a plus de numéraire effectif en caisse qu’aucune puissance de l’Europe. » En réalité sur les quinze cents millions de biens nationaux, vendus jusqu’au 1er octobre 1791, le Trésor avait reçu déjà près de cinq cents millions. De novembre 1791 en avril 1792, la vente, quoique un peu ralentie, avait été de trois cent soixante millions, et il en restait à vendre pour une somme équivalente.

Guadet ajouta, au mot de Cambon, que nulle puissance en ce monde ne pouvait présenter une masse