Aller au contenu

Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/443

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

savait parfaitement qu’elle était haïe, chansonnée à Coblentz, que Monsieur était son ennemi, et le comte d’Artois dans la main de son ennemi, Calonne. Si les princes revenaient vainqueurs, le résultat eût bien pu être, non pas de délivrer la reine, mais tout au contraire de lui faire son procès et de l’enfermer ; souvent on en avait parlé. Monsieur aurait satisfait ainsi sa vieille haine personnelle et celle de la nation.

Donc, quoique Louis XVI eût toujours à Vienne son agent, Breteuil, et que la reine correspondît toujours avec Bruxelles, avec le vieil ambassadeur de famille, M. de Mercy-Argenteau, ils crurent devoir envoyer un agent spécial au cabinet autrichien pour s’entendre avec lui sur la manière dont il convenait qu’il fît la guerre à la France. Il s’agissait d’obtenir que l’Autriche n’agît point à part, ce qui eût confirmé l’accusation ordinaire contre une reine autrichienne, mais que l’Autriche et la Prusse, de concert avec les autres puissances, par un manifeste commun, dirigé contre la secte anti-sociale, au nom de la société, de l’Europe, établissent qu’elles faisaient la guerre aux Jacobins, et non à la nation, déclarant à l’Assemblée, à toutes les autorités, qu’on les rendait responsables de tout attentat contre la famille royale, offrant de traiter, mais seulement avec le roi. Il fallait surtout recommander aux émigrés, de la part du roi, de s’en remettre à lui et aux cours intervenantes, de paraître comme parties dans le débat et non comme arbitres,