cipaux ; mais que, dans les cours, dans les escaliers, les appartements, il n’avait pu pénétrer qu’en jetant sur son chemin une succession de harangues. Il fallut les derniers efforts pour l’insérer et le lancer dans la masse compacte qui environnait le roi.
Arrivé enfin, « fort entrepris et fort essoufflé », dit un témoin oculaire, on le hissa dans un fauteuil sur les épaules des grenadiers. Il parla avec sa placidité naturelle, toutefois assez nettement : « Citoyens, vous avez présenté votre pétition, vous ne pouvez aller plus loin. Le roi ne peut ni ne doit répondre à une pétition présentée à main armée. Il verra, dans le calme, ce qu’il a à faire. Vous serez imités des départements, et le roi ne pourra se dispenser d’acquiescer au vœu du peuple. » (Applaudissements de la foule.)
Un grand blond de vingt-cinq ans s’avance alors furieux et crie à tue-tête : « Sire, sire, au nom de cent mille âmes qui sont là, le rappel des ministres patriotes et la sanction des décrets ! ou vous périrez ! » — À quoi le roi répondait froidement : « Vous vous écartez de la loi ; adressez-vous aux magistrats du peuple. »
Pétion ne disait rien. Un des municipaux le pressa de renvoyer le peuple, ajoutant que sa conduite serait jugée par l’événement. Il se décida alors : « Retirez-vous, citoyens, si vous ne voulez compromettre vos magistrats… Le peuple a fait ce qu’il devait faire. Vous avez agi avec la fierté et la dignité d’hommes libres. Mais c’est assez, retirez-vous. » — Et le roi ajouta avec un sérieux comique et beaucoup de