Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/519

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la guerre, il vient régenter l’Assemblée nationale. Il n’a pas craint, dit-il, de venir seul, « de sortir de cet honorable rempart que l’affection des troupes forme autour de lui ». — Il a pris avec ses compagnons d’armes « l’engagement d’exprimer seul un sentiment commun ». — Il supplie l’Assemblée de poursuivre les auteurs du 20 juin « et de détruire une secte », etc. Il parlait des Jacobins précisément dans les termes qu’avait employés Léopold.

Guadet demanda si la guerre était finie, pour qu’un général quittât ainsi son armée, si l’armée avait délibéré pour donner ses pouvoirs à M. de La Fayette ; il demanda s’il avait un congé du ministre, proposa d’interroger celui-ci à ce sujet et de faire faire un rapport sur le danger d’accorder aux généraux le droit de pétition.

Le Feuillant Ramond, au contraire, demanda une enquête sur la désorganisation que venait d’accuser La Fayette. La motion de Guadet fut écartée par une majorité de cent voix (trois cent trente-neuf contre deux cent trente-quatre).

Cette majorité considérable en faveur de La Fayette fut une chose grave et décisive dans l’histoire de la Révolution. Elle se retrouva la même et plus forte au 8 août. Elle prouva que l’Assemblée n’aurait jamais l’énergie suffisante pour abattre le grand obstacle qui neutralisait à l’intérieur les forces de la France, et, désarmée, discordante, la livrait à l’ennemi. Cet obstacle, la royauté, La Fayette venait le défendre… Innocenter ce défenseur du trône, c’était couvrir le