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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/520

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trône et maintenir la France impuissante par lui, au moment de l’invasion. L’Assemblée ne sauvant pas la nation, celle-ci avisera à se sauver elle-même.

Rien n’était plus imprudent que la démarche de La Fayette. La cour, qu’il venait de défendre, ne voulait pas de lui. Une seule voix était pour lui dans la famille royale, celle de Madame Élisabeth, qui sentit sa chevalerie ; mais la reine était contre, et elle dit que, plutôt que d’être sauvé par lui, il valait mieux périr. Elle ne s’en tint pas à ceci. Une revue devait avoir lieu, où La Fayette eût harangué la garde nationale, remonté son esprit. La reine fit avertir, la nuit, Santerre et Pétion, et celui-ci, une heure avant le jour, contremanda la revue. La Fayette alors réunit chez lui plusieurs officiers influents de la garde nationale, leur demanda s’ils voulaient avec lui marcher contre les Jacobins. Lui-même ne rapporte pas ce fait dans ses Mémoires ; mais il est affirmé par son ami Toulongeon. On promit de se réunir le soir aux Champs-Élysées ; cent hommes à peine s’y trouvèrent. On s’ajourna au lendemain pour agir, si l’on était trois cents, et l’on ne se trouva pas trente. La Fayette vit le roi, qui le remercia, sans profiter de ses offres. Il partit le lendemain.

Comment expliquer l’inaction des Feuillants, des gardes nationaux ? Par la peur ? Cependant beaucoup, que l’on peut citer, ont depuis marqué glorieusement dans les guerres de la Révolution et de l’Empire. Non, ce qui contribua le plus à les paralyser, c’est qu’ils craignaient de ne rien faire qu’au profit