tenante, proposer d’annuler l’acte insurrectionnel de la section de Mauconseil, ce qui fut à l’instant décrété sans discussion.
Et pourtant, nous le savons bien mieux aujourd’hui, Vergniaud et Cambon avaient tort. L’insurrection seule, la plus prompte insurrection, pouvait encore sauver la France. Il n’y avait pas un jour à perdre. La royauté toujours aux Tuileries, servant de point de ralliement aux nobles et aux prêtres par tout le royaume, c’était le plus formidable auxiliaire des armées de la coalition. La reine attendait, appelait ces armées, la nuit et le jour. Elle avouait à ses femmes ses vœux et son espérance. Une nuit, dit Mme Campan, que la lune éclairait sa chambre, elle la contempla et me dit que, dans un mois, elle ne verrait pas cette lune, sans être dégagée de ses chaînes. Elle me confia que tout marchait à la fois pour la délivrer. Elle m’apprit que le siège de Lille allait se faire, qu’on leur faisait craindre que, malgré le commandant militaire, l’autorité civile ne voulût défendre la ville. Elle avait l’itinéraire des princes et des Prussiens ; tel jour, ils devaient être à Verdun, et tel jour, à un autre endroit. Qu’arriverait-il à Paris ? Le roi n’était pas poltron ; mais il avait peu d’énergie. « Je monterais bien à cheval, disait-elle encore, mais alors j’anéantirais le roi… »
Tout le monde voyait aux portes de la France deux armées disciplinées, redoutables par leurs précédents : la prussienne, pleine de la tradition du grand Frédéric ; l’autrichienne et hongroise, illustre