par les succès de la guerre des Turcs. Ces deux armées avaient de plus cette grave particularité, qu’elles venaient, presque sans coup férir, d’étouffer déjà deux révolutions, celle de Hollande et de Belgique. Nul politique, nul militaire ne pouvait croire à une résistance sérieuse de la part de nos armées désorganisées, des masses indisciplinées qui venaient derrière, de nos généraux suspects, d’une cour qui appelait l’ennemi. Un miracle seul pouvait sauver la France, et peu de gens l’attendaient.
Madame Roland avoue sans détour qu’elle complait peu sur la défense du Nord, qu’elle examinait avec Barbaroux et Servan les chances de sauver la liberté dans le Midi, d’y fonder une république. « Nous prenions, dit-elle, des cartes géographiques, nous tracions la ligne de démarcation. — Si nos Marseillais ne réussissent pas, disait Barbaroux, ce sera notre ressource. »
Ceci n’était pas particulier aux Girondins. Marat, la veille du 10 août, demanda à l’un d’entre eux de le sauver à Marseille et se tint prêt à partir sous l’habit d’un charbonnier.
Vergniaud affirme que Robespierre avait la même intention, et que c’était aussi à Marseille qu’il voulait se retirer. Quoiqu’on soit porté à douter de l’affirmation d’un ennemi sur un ennemi, j’avoue que le témoignage d’un tel homme, loyal, plein de cœur et d’honneur, me semble avoir beaucoup de poids.
Deux hommes seuls, parmi ceux qui influaient, paraissent avoir été immuablement opposés à l’idée